La mémoire procédurale, ou mémoire de la motricité

 

 

 

Faire du vélo, nager, tenir une fourchette, etc. Découvrez comment sont stockées dans notre mémoire, nos procédures répétitives et toutes nos habitudes du quotidien

Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi dit-on que le vélo “ne s’oublie jamais” ? Après plusieurs mois, voire années, sans être remonté sur une bicyclette, comment cette combinaison de gestes complexes peut-elle revenir aussi facilement ? Comment notre corps parvient-il à se souvenir toute sa vie d’une technique apprise il y a très longtemps ?

La réponse à cette question se situe dans notre cerveau et plus exactement au niveau de notre mémoire de la motricité, notre mémoire procédurale. Voici ce qu’il faut retenir à son sujet.

La mémoire procédurale est à la source de nos savoir-faire, habiletés motrices, habitudes sensori-motrices et automatismes inconscients. Elle constitue une partie importante de notre mémoire à long terme, mais contrairement à la mémoire déclarative, elle est “implicite”.

Elle a pour rôle l’acquisition, l’enregistrement et l’utilisation des compétences motrices (la pratique d’un sport, jouer d’un instrument de musique, conduire un véhicule, etc.) assimilés tout au long de notre vie. Très résistante face au temps et à la maladie, la mémoire procédurale nous permet de nous appuyer sur ses ressources sans avoir à les réapprendre à chaque fois. En effet, ces automatismes ne nécessitent pas d’être appelés régulièrement à notre conscience pour continuer à agir.

L’exemple le plus couramment utilisé pour illustrer le fonctionnement de la mémoire procédurale est celui de la pratique du vélo :

  • nous ne mobilisons pas consciemment nos muscles pour pédaler et nous tenir en équilibre,
  • mais nous appliquons, comme par réflexe, la méthode gestuelle que nous avons acquise lors de notre apprentissage.

La mémoire procédurale est également très sollicitée chez les sportifs de haut niveau comme chez les artistes : elle permet d’acquérir des procédures gestuelles parfaites et atteindre l’excellence dans une discipline sportive ou un domaine musical.

La mémoire procédurale fait partie des types de mémoire qui résistent le mieux aux années qui passent. Elle occupe ainsi une place majeure de notre mémoire à long terme. En effet, cette dernière est segmentée en 2 parties principales : la mémoire procédurale et la mémoire déclarative, elle-même partagée en 2 sous-parties entre la mémoire sémantique et la mémoire épisodique.

Voici comment nous pouvons les définir brièvement :

  • les mémoires déclaratives permettent le stockage et la restitution des informations qu’un individu peut faire émerger consciemment, puis exprimer par le langage, verbalement. On parle également de mémoire explicite. Il existe deux types de mémoire déclarative :
    1. la mémoire sémantique correspond à la mémoire des faits et des concepts théoriques n’ayant pas de lien avec le temps et l’espace. Par exemple : savoir qu’une fraise est un “fruit”.
    2. la mémoire épisodique permet de se souvenir des événements vécus avec leur contexte (date, lieu, état émotionnel).
  • la mémoire procédurale, ou mémoire non déclarative constitue la seconde partie de notre mémoire à long terme. Les souvenirs qui y sont stockés sont en réalité une association de savoir-faire : des automatismes que nous avons enregistrés à force de répétition.
Schéma sur les différents types de mémoire

Ces compétences motrices sont enfuies au centre de notre encéphale, protégées des atteintes et des chocs. Une fois formés, les circuits de neurones qui composent le système de notre mémoire procédurale semblent pouvoir rester inchangés pour la vie. Contrairement aux neurones de l’hippocampe qui sont régulièrement renouvelés, ce qui explique pourquoi la mémoire épisodique est plutôt fragile.

Le cas du patient Henry Gustav Molaison

Portraits de Henry Gustav Molaison

Cette grande stabilité des acquis procéduraux a été mise en évidence à travers un célèbre cas clinique, celui du patient Henry Gustav Molaison (1926-2008), dit “H.M”.

À cause de crises d’épilepsie sévères, une grande partie de son cerveau (l’hippocampe) a dû lui être retiré. Ce qui a produit comme conséquence inattendue son incapacité à retenir quoi que ce soit de nouveau, sans compter qu’une très grande partie de sa mémoire des faits passés ou des connaissances générales avaient eux aussi disparu.

Cependant, parmi les très nombreux tests qu’on lui fit passer, l’un d’eux consistait à tracer le contour d’une étoile dessinée sur une feuille en voyant uniquement l’image de sa main dans un miroir. H.M effectua ce test tous les jours durant plusieurs semaines en oubliant à chaque fois qu’il l’avait réalisé la veille. Mais au fur et à mesure, les scientifiques ont constaté une amélioration de ses performances. Cela a donc permis de démontrer l’existence d’une mémoire qui permettrait au patient H.M de se rappeler des gestes à effectuer pour se livrer à cet exercice.

Le test du vélo à la direction inversée

Les informations stockées dans notre mémoire procédurale à long terme sont solidement ancrées en nous. Preuve en est ici avec les cobayes de la vidéo ci-dessus qui rencontrent bien des difficultés à conduire cette bicyclette pas tout à fait comme les autres.

Équipée d’une direction inversée, la machine contraint les volontaires à “désapprendre” ce que leur mémoire procédurale connaît depuis si longtemps. Ils se retrouvent donc forcés à fournir un effort conscient afin de s’adapter au fonctionnement du surprenant engin.

La mémoire procédurale est considérée comme une “mémoire implicite”, c’est-à-dire inconsciente. Il existe une phase explicite d’apprentissage en début d’acquisition, puis la procédure s’automatise et sa mise en oeuvre finit par ne plus demander d’effort mental particulier.

C’est notamment pour cela que nous ne parvenons pas vraiment à expliquer comment elle procède. Pourquoi je tiens en équilibre sur ce vélo ? Comment j’ai réussi à descendre cette pente sur mes skis sans tomber ? Pourquoi je sais me servir d’une fourchette et d’un couteau ? Etc.

En réalité, ces mouvements se font sans contrôle conscient et les circuits neuronaux empruntés par la mémoire procédurale (réseaux sous-corticaux et dans le cervelet) sont automatisés.

Les dégénérescences neuronales qui surviennent dans les maladies de Parkinson ou de Huntington provoquent des déficiences, affectant notamment la mémoire procédurale avec la perte de certains automatismes. Mais en général, la mémoire procédurale est peu sensible aux dégradations de la maladie. Notamment chez les patients souffrant d’amnésie profonde, ce qui démontre qu’elle possède un système de voies nerveuses distinct.

Il n’est pas rare de voir également des patients souffrant de troubles de la mémoire aptes à conduire ou retrouver sans la moindre difficulté des pas de danse alors qu’ils sont incapables de s’orienter ou de s’exprimer verbalement.

Mémoire procédurale et maladie d’Alzheimer

Le constat est le même dans la maladie d’Alzheimer. Alors que les patients présentent rapidement des troubles évidents de leur mémoire sémantique et épisodique, leurs capacités procédurales sont quant à elles conservées.

En effet, certains patients atteints de la maladie d’Alzheimer ont d’importantes difficultés à trouver leurs mots, mais peuvent encore chanter très correctement. Cela s’explique par le fait que leur mémoire procédurale demeure relativement bien préservée.

Ainsi, les personnes dans un stade avancé de cette maladie continuent à enregistrer toutes nos attitudes, nos mimiques, nos gestuelles, l’ambiance qui les entoure, le ton de notre voix et cela a un impact sur leur comportement. Malheureusement, ils ne peuvent pas nous restituer ce qu’ils perçoivent (ce que nous avons fait ou dit) par la parole, mais ils en gardent une trace.

Bien qu’étant une mémoire inconsciente, capable de nous permettre de reproduire des mouvements tous les jours sans vraiment nous en rendre compte, la mémoire procédurale est perfectible au même titre que tous les autres types de mémoire.

Pour l’améliorer, vous pouvez agir à plusieurs niveaux :

  • la répétition : reproduire le plus souvent possible une séquence de mouvements afin que votre corps puisse les exécuter automatiquement. Par exemple, certains automatismes que les sportifs de haut niveau cherchent à mettre en place de manière individuelle ou collective.
  • la précision : il s’agit de perfectionner des gestes au fur et à mesure de leur répétition de sorte à ce qu’ils puissent atteindre un grand niveau précision et de régularité. Par exemple, exécuter un enchaînement de gymnastique ou un kata d’art martial. Pour cela, vous pouvez vous aider de modèles (dessinées ou vivants) afin de visualiser les postures à adopter.
  • l’association : afin d’ancrer encore plus efficacement ces procédures dans votre mémoire à long terme, vous pouvez les associer à d’autres voies neuronales (explicites) et ainsi multiplier les “chemins d’accès” à ces informations. Par exemple, le fait d’apprendre les partitions de musique vous aidera à compléter votre apprentissage des gestes, de même que quelques moyens mnémotechniques peuvent vous aider à retrouver le séquençage d’un mouvement complexe… Ce moyen d’améliorer votre mémoire procédurale peut être facilité grâce à ma méthode du “SAC” que je vous invite à lire ici.

Nous avons stocké dans ce système de mémoire à part que constitue la mémoire procédurale, une multitude de gestes appris tout au long de notre existence. Il en existe tellement, qu’il est à vrai dire impossible d’en faire une liste exhaustive. En voici néanmoins quelques exemples assez parlants :

  • Le pilotage : faire du vélo, conduire un véhicule, monter à cheval, faire du ski, du roller, du patin à glace, de la trottinette, du skateboard, etc.
  • Les activités sportives : courir, nager, renvoyer un ballon, travailler son shoot (basket-ball), ses dribbles, ses enchaînements de gym, sa chorégraphie ou simplement marcher, etc.
  • Les activités quotidiennes : cuisiner, se servir de couverts, manger, utiliser un outil de bricolage, écrire, taper à l’ordinateur, faire le ménage, faire la vaisselle, fermer une porte à clé, se laver les dents, faire ses lacets, s’habiller, etc.
  • Les activités de loisir : jouer d’un instrument de musique, danser, chanter, peindre, dessiner, se relaxer en faisant du yoga, jouer à un jeu vidéo, etc.

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