La mémoire eidétique ou mémoire absolue

 

 

 

Certains individus détiennent la faculté de stocker dans leur mémoire, et pendant une durée indéterminée, une quantité d’information extraordinaire. Un don bien singulier appelé mémoire absolue.

Même si à ce jour de nombreux éléments restent encore à découvrir à son sujet, la mémoire eidétique (également appelée « mémoire absolue » ou « mémoire exceptionnelle »), permettrait à de rares individus d’avoir la faculté de mémoriser d’impressionnantes quantité d’informations et d’y accéder très rapidement. Présentation de cet extraordinaire phénomène.

Ce dossier fait partie de notre wiki sur les différents types de mémoire.

Les personnes bénéficiant d’une mémoire eidétique auraient des capacités mémorielles exceptionnelles. Elles seraient capables de mémoriser rapidement des masses considérables d’informations et de les restituer en une fraction de seconde, à la manière un puissant ordinateur ou calculateur numérique.

Ces « génies de la connaissance », « autistes surdoués » ou « hypermnésiques » selon les versions des scientifiques, seraient capables de mémoriser instantanément une grande quantité d’images, de sons ou d’objets, avant de les décrire avec énormément de précision.

D’où vient le mot « eidétique » ?

Le mot « eidétique » vient du grec ancien eidos (εἶδος), qui lui-même provient du verbe eidomaï (εἴδομαι), « apparaître ».

Le verbe eídô (εἴδω), signifie « voir ». Le nom commun eidos (εἶδος) peut signifier « forme » dans les sens suivants : forme du corps, apparence d’une personne ou d’une chose. Selon une philosophie développée par Aristote nommée « l’hylémorphisme », tout être (individu ou objet) est composé de manière indissociable d’une matière et d’une forme.

En phénoménologie (science des essences), la réduction eidétique est une méthode permettant au philosophe de passer de la conscience des choses aux pures essences afin d’atteindre une intuition de l’eidos, la structure nécessaire de la chose. Cette opération transforme la perception ou l’expérience en un objet schématique, qualifié d’essence.

En éliminant tout ce qui est contingent et accidentel, nous ne retiendrons que ce qui est essentiel. Si les liens entre cette méthode et le fonctionnement réel de la mémoire eidétique restent à confirmer, nous pouvons néanmoins entrevoir une possible similitude dans ce qui est de la faculté de concentration de l’information en ce qu’elle a de plus intrinsèque.

La mémoire absolue se définit par la capacité à se souvenir d’une grande quantité d’informations dans un degré de détail extrêmement élevé. Cette mémoire serait surtout présente chez l’enfant. Elle disparaîtrait ensuite à l’âge adulte, mais pas toujours.

En psychologie, l’image eidétique correspond à la faculté pour certains individus à se représenter visuellement et avec une exactitude quasi photographique, une scène ou des objets perçus récemment.

Quelques rares savants autistes, notamment atteints du syndrome d’Asperger, ont développé une formidable capacité à restituer sans erreur le contenu de documents, tels que des traités sur la mécanique ondulatoire, des mémoires sur l’entomologie ou, plus prosaïquement, des indicateurs de bus ou de chemins de fer, alors que ces textes peuvent avoir été parcourus à une vitesse qui en interdit la lecture classique. C’est pourquoi l’on parle aussi souvent de mémoire photographique.

Finalement, qu’elle soit absolue ou photographique, la mémoire eidétique repose dans de nombreux cas sur la capacité à fixer en quelques instants une information pourtant complexe au départ, qu’il s’agisse d’une image, d’un texte, d’un son, d’une situation géographique précise, etc.

Les personnes célèbres douées de mémoire eidétique

Mozart est spontanément pris en exemple pour évoquer les personnes célèbres dotées de mémoire eidétique. En effet, ce surdoué de la musique à l’oreille absolue aurait retenu de mémoire la composition du Miserere d’Allegri (une œuvre complexe d’une douzaine de minutes) entendue une seule fois lors d’une messe Pascale à la Chapelle Sixtine. Mais le prodigieux compositeur autrichien ne serait pas le seul à jouir de cette forme particulièrement performante de la mémoire.

Surnommé « Human camera », Stephen Wiltshire serait capable de reproduire dans le moindre détail le plan d’une ville (Hong-Kong, Madrid, Rome, Tokyo, Jérusalem, et d’autres) après l’avoir survolée durant quelques minutes en hélicoptère.

En octobre 2006, le japonais Akira Haraguchi aurait quant à lui réussi à énumérer, durant 16 heures d’affilée, 100 000 décimales du nombre Pi alors que le commun des mortels, confronté au même défi, s’arrête au bout de quelques dizaines de décimales, il bénéficie d’une faculté à apprendre par cœur hallucinante.

Kim Peek qui a inspiré le personnage du film Rain Man était atteint du syndrome d’Asperger, de microcéphalie et autres anomalies du cerveau. Cet homme, décédé en 2009, aurait au terme de sa vie mémorisé près de 12 000 livres à raison de 10 secondes par page.

Si d’autres personnages célèbres comme Napoléon Bonaparte ou les ex-grands champions d’échecs Bobby Fischer et Gary Kasparov sont eux aussi régulièrement cités lorsqu’on évoque la mémoire eidétique, nous pouvons tout aussi bien faire référence à des personnages de fiction. Parmi eux, Sherlock Holmes, Jean-Baptiste Grenouille le héros du roman Le Parfum de Patrick Süsskind, Lisbeth Salander, héroïne de la trilogie Millenium de Sieg Larsson, ou encore Spencer Reid interprété par Matthew Gray Gubler dans la série télévisée Esprits Criminels. Ce génie de fiction policière possède un QI de 187, il est capable de lire 20 000 mots par minute qu’il mémorise parfaitement grâce à sa mémoire eidétique.

Nombreux sont les détracteurs de la mémoire eidétique, à l’image du scientifique Marvin Le Minsky qui dans son livre La Société de l’esprit, considère cette mémoire exceptionnelle comme une légende et un mythe.

Le psychologue et joueur d’échecs Adriaan de Groot a néanmoins réussi à apporter quelques fondements rationnels à ce type de mémoire, discréditant ainsi son attribut de mythe.

Au cours de ses expériences, de Groot soumet à de grands champions d’échecs des positions complexes de pièces à mémoriser. Les champions étaient capables de se souvenir d’impressionnantes quantités d’informations, bien plus que dans le cas des amateurs. En apparence, cette expérience venait soutenir la théorie de la mémoire eidétique. Cependant, après avoir présenté aux champions des dispositions de pièces impossibles lors de vraies parties, la précision de leurs souvenirs était similaire à celle des amateurs. Cela démontre que les champions avaient développé une faculté à mémoriser pour prévoir des compositions de jeu rationnelles plutôt que d’être détenteurs d’une capacité eidétique absolue.

Adriaan de Groot conclut qu’on ne naît pas champion, on le devient. En d’autres termes, nous avons tous la même prédisposition et structure de l’esprit, mais pour être encore plus performant, cette prédisposition doit être complétée par un véritable arsenal de champion qui ne peut être acquis qu’au bout d’années d’engagement, d’étude, de ténacité et de passion.

Il semblerait que la capacité de mémoire eidétique concerne plutôt la mémoire explicite (ou déclarative) à court terme. C’est-à-dire notre faculté à mémoriser des informations que nous pouvons restituer par le langage durant un laps de temps plutôt court (entre 0,5 seconde et 10 minutes après l’entrée de l’information dans le cerveau). Néanmoins, ceux qui rattache la mémoire eidétique à une forme apparentée d’hypermnésie peuvent également considérer qu’elle peut tout aussi bien se manifester à travers la mémoire à long terme.

Mais vous l’aurez compris, on attribue généralement les prouesses exceptionnelles de la mémoire eidétique à des techniques évoluées de mémorisation plutôt qu’à des différences innées qui constitueraient le cerveau de quelques surdoués de nature.

Il est donc possible, au moyen de méthodes de mémorisation (mnémotechniques, associations d’idées, répétition, technique « séquentielle » par exemple) d’acquérir une forme de mémoire eidétique. Tout le monde est en mesure de développer ce « don » en musclant son cerveau grâce à des exercices de mémoire adaptés à l’application souhaitée, ceci pour améliorer sa mémoire. Autrement dit, la pratique de sports cérébraux doit se faire en fonction de la discipline que vous pratiquez : retenir une combinaison de chiffres, des visages, des cours, des goûts et des saveurs, etc. Pour chaque finalité et selon votre profil, il existe des méthodes plus ou moins adaptées pour vous aider à atteindre vos objectifs.

  • Outre la pratique régulière de votre gymnastique cérébrale, il est également conseillé de garder votre esprit en éveil afin de le sortir fréquemment du « pilotage automatique » des habitudes journalières :
  • Faites des activités stimulantes pour votre cerveau : mots croisés, puzzle, sudoku, apprentissage d’une langue étrangère ou d’un instrument de musique.
  • Bannissez les sources de stress, émotions négatives, anxiété, dépression, colère et autres états de tension intense.
  • Ayez une activité physique régulière.
  • Limitez ce qui peut détourner l’attention durant vos phases de mémorisation, par exemple, évitez de faire plusieurs choses à la fois.
  • Buvez beaucoup d’eau et très peu d’alcool !

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